Déville-Lès-Rouen, conseil municipal et le show Gambier !

12 octobre 2023 à 18 h ! J’assiste à mon premier conseil municipal de Déville-lès-Rouen. Des sièges sont prévus pour le public qui “ne vient jamais”, souligne un élu de l’opposition. Le Maire de Déville-lès-Rouen, c’est Dominique Gambier, homme d’expérience et toujours aussi féroce qu’à ses débuts. Un conseil municipal très léger. Il durera une heure montre en main. Sans conteste, l’homme tient de main de fer son auditoire qu’il soit de la majorité ou de l’opposition. Cette dernière semble être blasée par ses “attaques permanentes” et son côté “donneur de leçons”, comme le fait remarquer Mr. Duchaussoy, ancienne tête de liste des dernières municipales de 2020 et auteur d’un score honorable face à l’homme de fer qu’est le maire de Déville-Lès-Rouen

Une Opposition silencieuse et sans ressort

Toutes les délibérations ont été votées à l’unanimité et pratiquement sans débat. Et pourtant, il y avait des choses à dire lors de ce conseil municipal de rentrée. Même si l’ordre du jour était plutôt fade, l’intérêt politique se ressentait sur beaucoup de sujets. Malheureusement, l’opposition n’a pas su prendre la balle au bond. Il faut dire, à sa décharge, que dès qu’elle se positionne sur un sujet, l’homme politique qu’est le maire de Deville sort la sulfateuse et ne rechigne pas à placer ses contradicteurs dans leurs propres….. contradictions. À tort ou à raison, ce mode d’expression est ressenti par les opposants comme une salve de Kalachnikov parfois à bout portant. Cela peut en lasser plus d’un, et on peut les comprendre. Ceci dit, la politique n’est pas une activité de tricot. Dominique Gambier n’est pas différent des autres élus aux hautes responsabilités de la métropole rouennaise. Au même titre que Nicolas Mayer-Rossignol, il taquine, agresse et utilise l’invective proche de l’insulte : “Il faut que je vous gave comme un canard ?” C’est ce qu’il dit en évoquant, selon lui, l’errance politique de l’opposition. Plutôt rude comme comparaison ! L’école Alain Le Vern ! N’oublions pas que Dominique Gambier a fait ses classes dans une fédération socialiste qui n’a jamais eu la réputation de respecter les opposants internes. Longtemps rocardien, il a dû se munir de verve à la hauteur de la situation, surtout quand on devait faire face aux invectives d’Alain Le Vern, grand timonier de la dictature fabiusienne. À l’époque, il fallait montrer les griffes, sortir les munitions pour se faire respecter ! Aujourd’hui, il applique ce qu’il a toujours appris à faire. Face à un tel roc, il faut être costaud ou se taire !

Etre costaud, c’est tenir son rang d’opposant

Tout au long de ce conseil municipal, le maire a réussi à faire passer des décisions sans réel débat politique. Face à lui, rien ! Ça sentait l’opposition qui n’avait pas préparé ses dossiers. Du pain béni pour le Maire qui s’en est donné à cœur joie pour faire passer des décisions comme une lettre à la poste. De la taxation des entreprises de taxis domiciliées à Déville-lès-Rouen à un impôt supplémentaire (comme si cette profession en avait besoin, alors qu’elle se remet à peine de son épisode COVID) à l’absence d’un tarif spécifique pour les personnes en difficultés sociales dans l’ensemble des prestations communales, sans oublier les augmentations de certains tarifs publics, pas une réaction de l’opposition ! Nada ! Quel est le père de famille au SMIC qui pourrait offrir un spectacle d’Arnaud Demanche à 29 euros la place ? Voilà un sujet à débat, surtout que la gestion du centre culturel Voltaire rentre en régie communale. Ailleurs, on applique des tarifs réduits mais pas à Déville-lès-Rouen, apparemment. Pourtant, avec des communistes dans la majorité, on aurait pu espérer mieux en matière de politique sociale ! Occasion ratée et vote à l’unanimité d’une tarification déloyale pour les Devillois en situation de précarité. L’opposition socialiste muette !

Le Maire tire à boulet rouge

Avec une absence totale de réaction, la perche était trop belle. Ainsi, l’édile dévillois s’en est donné à cœur joie. “On suit les dossiers.” “On ne pose pas de questions quand on ne sait pas.” “Je n’ai jamais entendu la moindre interrogation sur ce sujet de votre part.” “On ne peut pas tout mettre gratuit.” “La gratuité, c’est la fin du service public”, affirme-t-il, fort de son soutien communiste dans la majorité municipale (Sébastien Jumel, patron du PC 76, appréciera), pour terminer par cette question : “Faut-il que je vous gave comme un canard ?”

Et la suite ?

Le maire, après avoir presque monopolisé les réponses à l’opposition, donne rendez-vous pour le prochain conseil municipal qui se déroulera en décembre. Il faudra venir la prochaine fois pour écouter le show de Dominique Gambier. Mais attention, si la majorité est restée aux ordres du leader Maximo, notons qu’à la fin du conseil municipal, les trois quarts sont immédiatement partis sans prendre le temps de discuter ! Cela cache-t-il quelque chose ou est-ce une habitude locale ? Quelle que soit la réponse, attention, car à 52 % en 2020, ce serait une erreur de fanfaronner de la sorte. La politique, ce n’est jamais acquis, et Mr. Duchaussoy pourrait tirer les marrons du feu de ce qu’on appelle la lassitude comportementale en 2026 !

Frédéric Quillet

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *