Souvent, au gré de mes rencontres ou de mes passages devant les établissements que j’ai fréquentés au cours de ma scolarité, lors de la lecture d’un roman, les visages de mes “profs” et “instits'” apparaissent dans ma mémoire vive ! Plus on prend de l’âge, plus la nostalgie de cette époque ressurgit comme une mécanique naturelle qui, j’en suis persuadé, touche tout le monde. En trois ans, le monde des enseignants a connu des douleurs, des catastrophes humaines. Entre les moments difficiles d’un quotidien parfois compliqué psychologiquement, où les conséquences sont souvent des dépressions et parfois des suicides, le corps de l’éducation nationale et ceux qui travaillent dans des postes techniques n’ont de cesse de devoir se battre pour garder la motivation. Ce n’est jamais simple, mais beaucoup réussissent à trouver l’élan qui leur permet de vivre leur métier avec des satisfactions humaines et pédagogiques. Quelle joie de se rendre compte de son importance dans la vie d’un élève.
Et puis il y a les catastrophes qui vous détruisent
Monsieur Paty, Monsieur Bernard ! Deux enseignants assassinés lâchement, brutalement, et surtout dans l’exercice de leur métier, celui d’enseigner, de transmettre, d’accompagner, d’aider, de convaincre, d’agir dans un esprit laïque, indépendant des organisations religieuses. Assassinés au nom d’une fausse croyance qui vise à interpréter une religion comme une arme absolue et radicale, basée sur une compréhension ridicule de textes religieux. Ces religions, pourtant fondées sur des concepts d’amour et de respect de l’autre, se retrouvent parfois détournées, transformées en dogmes mortifères initiés par des groupes d’humains qui dénaturent le message initial de paix. L’esprit laïque nous protège de leur influence, mais pas toujours ! Parfois, on fait face à la barbarie, comme l’ont vécu ces deux enseignants qui ont payé de leur vie. Des actes qui bouleversent des familles et le corps enseignant. Combien d’entre eux, en ce moment, doutent de ce métier ? Et qui leur en voudrait de quitter un milieu où l’on risque d’être exécuté par des fanatiques religieux ?
Se souvenir d’eux
Il est très important de se souvenir d’eux. La société doit leur rendre hommage, et il est souvent triste de constater la lâcheté de certains qui rechignent à donner à un collège, une rue, une place, le nom de ces martyrs lorsque les familles sont d’accord.
Il est aussi essentiel de se rappeler des enseignants qui nous ont apporté tant de choses dans notre parcours scolaire. Voici les noms de ces personnes que je remercie pour m’avoir apporté tant de connaissances, de savoir et de conseils. Quel que soit notre parcours, nous avons tous au moins un enseignant qui nous a accompagnés et marqués. Si ce petit texte est lu par un enseignant qui doute en ce moment, je lui offre la liste de ceux dont je me souviens et qui ont été si importants dans mon apprentissage : M. Sudre, M. Guilbert, Mme Querreel, Mme Brouard, M. Jamoussi, M. Elkaïm, M. Mandl, M. Gibert, M. Systermans, M. Danan. Merci à toutes ces personnes pour leur engagement.
Frédéric Quillet